Nos paysages mineurs, En finir avec leur histoire

Le théâtre cinématographique de Marc Lainé nous plonge au plus près de ses personnages, que l’on suit à trois moments clés de leur existence.

Il dépeint d’abord la rencontre du couple dans un train, porté par le bouillonnement politique d’après Mai 68, jusqu’à sa rupture en 1975. Puis on les retrouve en 1992 dans une rue parisienne à l’heure des désillusions. Deux spectacles entremêlés, teintés d’humour et de dialogues truculents.

Ce parcours de vie est formidablement porté par deux comédiens au diapason : la subtile Adeline Guillot et l’imparable Vladislav Galard, accompagnés par la présence forte de Vincent Segal au violoncelle. La scénographie et la mise en scène de Marc Lainé nous offrent un éclatement de l’image scénique révélateur de sens. Si l’une des caméras motorisées accompagne un petit train miniature, posé à l’avant-scène, qui traverse la campagne au gré des trajets Paris-Saint-Quentin, une autre crée les gros plans du compartiment. C’est dans ce cadre que se noue l’histoire de Paul et de Liliane. Le prof de philo aux aspirations de romancier et la jeune femme provinciale. Une rencontre de la bourgeoisie et du prolétariat également. Car si Mai 68 est passé par là, restent des traces de patriarcat dont il faudra bien s’émanciper. Dans le compartiment, que le couple ne quitte jamais, les années défilent. Au rythme des tunnels, on peut suivre leur histoire, de séductions en déchirures. Une histoire belle, banale, et forcément triste. 1992, seize ans plus tard, dans une rue de Paris, une rencontre qui n’a rien de fortuit. Paul veut revoir Liliane. Ils entament une promenade immobile à travers les vestiges de leur relation, laissant progressivement émerger ce qui n’a pu se dire.

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